Quelques jours après l’annonce d’un accord de cessez-le-feu entre le Hamas et Israël mettant fin à deux années de guerre à Gaza, une polémique inattendue a vu le jour en Algérie. En cause : l’absence remarquée du nom de l’Algérie dans les remerciements officiels formulés par le Hamas à l’issue des négociations.
Ainsi, une omission perçue par certains comme un camouflet, voire une forme d’ingratitude, à l’égard d’un pays historiquement engagé aux côtés du peuple palestinien.
Mais cette polémique, relayée notamment sur les réseaux sociaux et dans certains médias, a fait réagir le mouvement palestinien, qui a tenu à clarifier sa position par la voix de son représentant à Alger.
Le déclenchement de la polémique : une « omission » mal perçue
En effet, le 9 octobre dernier, le Hamas annonçait officiellement la conclusion d’un accord de cessez-le-feu avec Israël, saluant l’implication de plusieurs pays dans le processus de médiation. Dans sa déclaration, le mouvement remerciait expressément le Qatar, l’Égypte, la Turquie, ainsi que le président américain Donald Trump, pour leurs rôles respectifs dans les négociations.
« Nous apprécions hautement les efforts de nos frères médiateurs en Égypte, au Qatar et en Turquie, tout comme nous saluons les efforts du président américain Donald Trump pour l’arrêt définitif de la guerre et le retrait total de l’occupation de Gaza », pouvait-on lire dans le communiqué officiel du Hamas.
Le dirigeant Khalil Al-Hayya, chef de la délégation de négociation du Hamas, allait même plus loin en citant dans une allocution d’autres acteurs impliqués dans la lutte sur le terrain : le Yémen, le Liban, l’Iran et l’Irak. Mais aucune mention de l’Algérie n’est faite, ni en tant que médiatrice ni comme soutien actif.
Cette absence a provoqué une polémique et une vague d’incompréhension en Algérie, notamment sur les réseaux sociaux, où de nombreux internautes ont exprimé leur étonnement, face à ce qu’ils considèrent comme une mise à l’écart injustifiée.
L’Algérie, pourtant en première ligne pour Gaza
Depuis le début du conflit en octobre 2023, l’Algérie s’est positionnée comme l’un des défenseurs les plus constants de la cause palestinienne, tant sur le plan diplomatique qu’au sein des instances internationales.
Membre non permanent du Conseil de sécurité de l’ONU depuis 2024, l’Algérie, à travers son ambassadeur Amar Bendjama, a multiplié les plaidoyers pour dénoncer les opérations militaires israéliennes à Gaza. En septembre dernier, Bendjama a même été décoré de la médaille de l’Ordre du mérite national au rang « Achir », une distinction décernée par le président Abdelmadjid Tebboune pour saluer son engagement en faveur de la Palestine.
La réponse du Hamas : « une lecture erronée et hors contexte »
Face à la montée des critiques, le Hamas a réagi officiellement par la voix de son représentant en Algérie, Youssef Hamdane, dans une interview accordée à la Radio algérienne.
Il y déplore ce qu’il qualifie de « lecture erronée » des propos de Khalil Al-Hayya, assurant que les déclarations avaient été sorties de leur contexte.
« Toute idée ou déclaration fragmentée de son contexte perd sa valeur et peut être utilisée dans un contexte différent sans signification », a-t-il déclaré.
Hamdane a précisé que les remerciements d’Al-Hayya concernaient uniquement les médiateurs directs et les forces militaires ayant participé sur le terrain, ce qui excluait logiquement l’Algérie de cette liste spécifique.
« Il n’était donc pas logique que le nom de l’Algérie figure parmi les parties ayant mené l’opération de négociation », a-t-il souligné.
Des remerciements déjà exprimés dans d’autres cadres
Le responsable du Hamas a également tenu à rappeler que l’Algérie avait bel et bien été citée à plusieurs reprises dans des discours antérieurs de dirigeants du Hamas, notamment au début de l’opération “Déluge d’Al-Aqsa”, déclenchée le 7 octobre 2023.
« Nos remerciements à l’Algérie, concernant son rôle dans tous les domaines, notamment diplomatique, commencent par le discours d’Abou Khaled Al-Deif […] jusqu’au message du chef du mouvement, le martyr Yahya Sinouar, depuis les décombres de la bataille, au président de la République, Abdelmadjid Tebboune, pour ses positions authentiques », a rappelé Youssef Hamdane.
Il a par ailleurs dénoncé les tentatives de récupération politique ou médiatique de cette « non-mention », appelant à ne pas tomber dans la surenchère émotionnelle ou les campagnes de division.
« Ceux qui exigent du Hamas de remercier l’Algérie dans un tel contexte ne comprennent pas l’authenticité de la position algérienne. L’Algérie agit sans attendre de remerciements. »