Par Mounia Hammoud
La valorisation du patrimoine matériel historique dans la wilaya d’Oran est, depuis quelques années, au centre des préoccupations des pouvoirs publics et de la société civile.
Près d’une vingtaine de sites et monuments, classés ou non classés, sont concernés par diverses opérations de réhabilitation ou de restauration, prises en charge par des programmes sectoriels ou des budgets spéciaux. Parmi ces monuments figure le Palais du Bey, datant de l’ère ottomane au XVIIIe siècle et classé patrimoine national en 2005.
Restauration du Palais du Bey: Le budget réévalué
Lors de sa visite à Oran hier, jeudi 4 octobre, la ministre de la Culture et des Arts, Mme Souraya Mouloudji, a annoncé le lancement imminent des travaux de restauration du Palais du Bey, l’un des monuments les plus emblématiques sis à Sidi El Houari.
La ministre a également évoqué la réévaluation du budget alloué à la restauration. Initialement fixé à 85 millions de dinars, le budget a été porté à 162 millions de dinars afin de garantir une réhabilitation conforme à la valeur historique du site. Actuellement en phase de finalisation, les études préalables aux travaux permettront de préserver ce trésor architectural, qui incarne une part importante de l’histoire d’Oran et de l’Algérie. Ce palais a accueilli de nombreux dignitaires arabes et européens.
Ce joyau architectural, qui sépare l’actuel centre-ville de l’ancienne ville d’Oran, a été construit sur un site stratégiquement militaire, offrant une vue imprenable sur la mer (le port d’Oran) et le jardin appelé « Promenade de l’Étang ». Commandé par Mohamed El Kebir au XVIIIe siècle, le palais est situé à proximité de la Mosquée du Bey Mohamed Othman El-Kébir, sur l’emplacement de l’ancienne demeure de Hassan Pacha, devenu Bey d’Oran en 1812.
Un joyau qui traverse les âges !
Le palais, d’une superficie d’environ 5,6 hectares, comprend plusieurs installations dont un diwan, une suite, un harem, une cour et deux monuments majeurs : les donjons rouges, datant de 1345, à l’époque des Mérinides sous le règne d’Abou El Hassan El Merini, et l’ancienne caserne espagnole, qui servait d’écuries. Le Diwan, qui constitue la moitié du palais, est particulièrement remarquable. Dès l’entrée, on découvre sur la gauche ses douze arcades, tandis que la salle principale est ornée d’un plafond décoré de motifs et de calligraphies turques représentant des versets coraniques, bien que certains aient été endommagés durant la période coloniale.
La salle préférée du bey, où il se retirait pour prier et méditer, est restée intacte au fil des siècles. Ce monument se dresse sur l’une des plus grandes fortifications de la ville, connue sous le nom de Rozalcazar. Le choix du lieu de construction de ce palais n’est pas anodin : il a résisté au terrible séisme qui ravagea Oran en 1790. Sa position stratégique, dominant le port et surveillant l’arrière-pays, en a fait un point d’intérêt militaire important, notamment durant l’occupation française, de 1831 à 1962.
Mosquée El Pacha : Une réhabilitation décidée
D’autre part, la ministre de la Culture a également visité la Mosquée El Pacha, construite à la fin du XVIIIe siècle, un autre monument d’envergure situé dans le quartier historique de Sidi El Houari.
Grâce à la loi de finances de 2024, des fonds ont été alloués pour une étude de restauration de cette mosquée. Sous les directives de la ministre, la durée de l’étude a été réduite à six mois pour accélérer le processus, avec l’objectif de restaurer ce lieu de culte d’ici quatre mois. Une enveloppe de 10 millions de dinars a été débloquée à cet effet.
Entre préservation et valorisation…
Lors de cette visite, Mme Mouloudji a souligné l’importance de la préservation du patrimoine historique et la dynamisation du secteur culturel dans cette région riche en héritage.
Ce déplacement, qui a permis de passer en revue plusieurs sites culturels majeurs, a été marqué par l’annonce du lancement imminent des travaux de restauration d’urgence du Palais du Bey. L’accent a également été mis sur la réhabilitation d’autres monuments emblématiques, tels que la Mosquée El Pacha, ainsi que sur des projets ambitieux comme la création d’un musée dédié à l’Émir Abdelkader sur le mont Murdjajo. Ces initiatives témoignent de la volonté des autorités de faire d’Oran un centre culturel et historique de premier plan, renforçant ainsi son attractivité touristique.
M.H