Le 15e sommet des pays des BRICS ouvre ses portes aujourd’hui mardi 22 août à Johannesburg en Afrique du Sud. Durant deux jours, les dirigeants des cinq pays membres (Russie, Chine, Inde, Brésil et Afrique Du Sud), auront à débattre et à définir les grandes lignes du « multipolarisme » prôné par ce conglomérat, mais aussi trancher sur l’élargissement à d’autres pays.
Dans cet entretien, Mme Souhila Berrahou, docteure en économie et chercheuse en relations internationales à l’École Nationale des Sciences Politiques d’Alger, apporte nombre d’éclairages sur les enjeux et retombées de ce Sommet, aussi bien pour l’Algérie que sur le plan international.
JUST-INFODZ : Selon vous, quelles sont les chances de l’Algérie au sujet de son adhésion aux BRICS, au du moins en qualité de « membre observateur » ?
- Souhila Berrahou : L’adhésion de l’Algérie aux BRICS a été fortement acceptée par la Russie puis la Chine et l’Afrique du Sud, le Brésil est bon un partenaire économique pour l’Algérie, et si sa présence se limitera à un siège d’observateur, cela est dû au fait que notre économie n’est pas diversifiée. Les règles d’adhésion au groupe seront probablement définies dans ce sommet, car ce dossier sera l’un des principaux sujets de débats, surtout que 60 pays ont demandé à rejoindre les BRICS, et d’ici là, la donne pourrait basculer en la faveur de l’adhésion de notre pays.
L’adhésion de l’Algérie aux BRICS a été fortement acceptée par la Russie puis la Chine et l’Afrique du Sud, le Brésil est bon un partenaire économique pour l’Algérie, et si sa présence se limitera à un siège d’observateur, cela est dû au fait que notre économie n’est pas diversifiée.
D’après vous, pourquoi les pays de ce bloc politique et économique, ont autant de mal à définir les critères d’adhésion ?
- Les pays des BRICS sont différents sur la manière dont ils traitent les pays occidentaux. Par la même occasion les demandes d’adhésion surviennent parfois de pays alliés à l’Occident, et parfois de pays non alignés comme c’est le cas de l’Algérie et l’Argentine. Ce groupe a été créé pour soutenir et protéger les intérêts des pays membres dans la plus grande souplesse, loin des conflits et les sanctions économiques infligés par les institutions internationales. Je pense que les critères seront plus souples que celles de l’union européenne et l’OMC, pour une meilleure gouvernance et justice.
Quel rôle peut jouer l’Algérie dans le conglomérat du BRICS, notamment dans les volets politiques et économiques ?
- A chaque occasion l’Algérie est citée par les grands chefs comme un pays à grande importance économique, diplomatique et politique. Donc un partenaire à préserver, et ce pour multiple de raisons. Sa situation géographique est incontournable, son poids diplomatique dans la région qui est à la fois arabe, nord-africaine et méditerranéenne, a défini son sort. Les données géopolitiques ne sont pas stables et n’importe quelle occasion qui se révèle prometteuse doit être saisie, aussi bien pour l’Algérie en quête d’ouverture et de diversification économique, que pour les pays qui veulent élargir leur espace économique. Cet espace économique élargi sera un contre poids politique, et aidera à diluer la pression occidentale dans le monde en offrant une chance à tous à l’équité prêchée dans les objectifs du développement durable de l’ONU.
Sa (Algérie, NDLR) situation géographique est incontournable, son poids diplomatique dans la région qui est à la fois arabe, nord-africaine et méditerranéenne, a défini son sort.
L’Algérie est désormais actionnaire de la NBD à hauteur de 1.5 milliards de dollars. Cet engagement financier a-t-il d’autres visions ?
- Des pays non membres du BRICS, tels que les Émirats arabes unis et l’Égypte, ont rejoint la NBD, c’est un pas qui accompagne la volonté d’adhésion, sachant que cette banque a été créé en 2014. Aujourd’hui elle est dotée de 250 milliards de dollars et contribue avec des crédits pour l’aide au développement de pays émergents. Nous avons vu des pays comme l’Ethiopie sortir de la famine grâce à l’aide chinoise et ses investissements. L’Algérie a vécu des expériences de coopérations avec des pays plus proches que la Chine, mais hélas leurs partenariats étaient juteux pour un sens et certainement pas dans le nôtre. Donc un partenaire loin et sûr, vaut mieux que des partenaires hasardeux très proches.
L’Algérie a vécu des expériences de coopérations avec des pays plus proches que la Chine, mais hélas leurs partenariats étaient juteux pour un sens et certainement pas dans le nôtre. Donc un partenaire loin et sûr, vaut mieux que des partenaires hasardeux très proches.
Quel impact de l’élargissement des BRICS sur l’économie mondiale ?
- Déjà avec seulement cinq pays, les BRICS ont une population de 3,24 milliards d’habitants. Leurs revenus nationaux combinés avoisinent les 26 billions de dollars, et si l’on ajoute d’autres pays, une force de travail se cumule, une réserve de richesse aussi, ainsi que de d’épargne pour de nouveaux investissements. Les pays des BRICS sont un espace d’échange très dynamique entre eux et avec d’autres pays non membre. C’est ce qui les différencie des autres blocs. En outre, l’élargissement des BRICS est une chance pour une meilleure gouvernance, à plus d’égalité des chances, de transfert technologique, de non-ingérence politique, de respect de valeurs et de spécificité de chaque pays, d’équilibre économique, moins de pauvreté, de sécurité et paix dans le monde, etc..
Propos recueillis par Ramdane Bourahla