Après avoir atteint des sommets tout au long du mois de novembre, flirtant même avec la barre symbolique et psychologique des 300 DA pour un euro, la monnaie unique européenne amorce une brusque décrue face au dinar.
Ainsi, ce dimanche 30 novembre 2025 et pour la première fois depuis une quinzaine de jours, l’euro repasse sous le seuil psychologique des 280 dinars pour un euro.
Ce dimanche matin, les « cambistes » du Square Port Saïd d’Alger, la « bourse » du change informel en Algérie, sont dans l’expectative, tant la devise européenne a connu une chute brutale face au dinar algérien.
Le dinar » respire » face à l’euro
En effet, désormais le billet de 100 euros est cédé contre 27 700 DA à l’achat et 27 400 DA à la vente, ce qui bien loin de la flambée enregistrée la semaine passée où le même billet avait les 290 dinars. « Honnêtement je ne sais plus où donner de la tête. Un coup l’euro monte en flèche et le lendemain, il s’effondre sans la moindre raison », confie un « cambistes » contacté ce dimanche matin.
Cette dégringolade aussi soudaine qu’aiguë, contraste fortement avec les hausses vertigineuses relevées lors des dernières semaines de novembre, où l’euro avait franchi palier après palier, des seuils inédits face au dinar, alimenté par une demande frénétique et un marché privé de repères. Il faut dire que la récente directive du département du Kamel Rezig, relative à l’importation des véhicules de moins trois ans, n’est pas étrangère à cette chute brutale de la monnaie unique européenne.
L’État intervient…enfin !
Le ministère du Commerce extérieur et la Promotion des exportations, avait émis un bref communiqué dans lequel il réaffirme que l’importation des véhicules de moins de 3 ans reste encadrée par une réglementation précise. Cette mise au point s’appuie sur l’article 110 de la Loi de finances 2020, modifié et complété par l’article 208 de la Loi de finances 2025.
Le ministre souligne que le dispositif est exclusivement réservé aux particuliers résidant en Algérie, et ce une seule fois tous les trois ans. Il insiste sur son caractère strictement individuel, excluant toute démarche collective. Kamel Rezig rappelle aussi que « les entreprises, quelle que soit leur activité ou leur forme juridique, ne sont pas concernées ».
Le département de Kamel Rezig, avait également mis en garde les citoyens : toute vente ou transaction réalisée en dehors du cadre légal est strictement interdite. Les autorités affirment vouloir renforcer la conformité des opérations d’importation afin d’éviter les dérives. La finalité de cette instruction est limpide : mettre un terme aux achats groupés de véhicules chinois.
Bureaux de change en Algérie : Une chimère de plus ?
Néanmoins, ces interventions ponctuelles ne peuvent se se substituer à une véritable politique visant à mettre un terme au change informel en Algérie.
Pourtant, le gouvernement avait en 2023 déjà émis le « vœu » de mettre en œuvre des bureaux de change officiels, afin d’ « étouffer » le marché parallèle. Depuis, les promesses concernant l’ouverture des bureaux de change en Algérie se sont multipliées, mais leur concrétisation reste inexistante.
Le 27 avril 2024, le ministre des Finances avait abordé ce sujet lors des réunions de printemps du Groupe de la Banque mondiale (BM) et du Fonds monétaire international (FMI) à Washington. Il avait alors affirmé que l’instruction de la Banque d’Algérie (BA) relative aux bureaux de change était prête et que leur lancement n’attendait plus que la signature imminente. Cependant, aucune action n’a suivi.
Plus tard, le 3 août 2024, le même ministre, en réponse à une question écrite d’un député, avait indiqué que la Banque d’Algérie examinerait les demandes d’accréditation pour ces bureaux, tout en précisant que des préparatifs étaient en cours pour déployer un réseau national. Nous sommes quasiment en 2026 et aucun bureau de change officiel n’a vu le jour en Algérie.
Pendant ce temps, l’économie parallèle continue de prospérer. Le marché noir du change, symbolisé par le célèbre « Square » d’Alger, opère toujours en toute impunité, échappant au contrôle des autorités.
