Après deux longues années de blocage commercial, l’Algérie retrouve sa place stratégique dans le commerce international des matériaux céramiques.
Ainsi, le premier trimestre de l’année 2025 marque un tournant décisif pour les relations économiques entre l’Algérie et l’Espagne, avec une reprise vigoureuse des importations de frittes et d’émaux « made in Spain ».
Une reprise éclatante après deux ans d’embargo
En effet, selon l’Anffecc, l’association espagnole des producteurs de frittes, d’émaux et de couleurs céramiques, les exportations espagnoles vers l’Algérie ont atteint 25,14 millions d’euros au cours des trois premiers mois de l’année.
Ce chiffre replace l’Algérie à la deuxième position parmi les marchés d’exportation pour ce secteur, juste derrière l’Italie, confirmant ainsi le retour en force du pays maghrébin. Il convient de rappeler qu’avant l’embargo instauré en juin 2022, l’Algérie absorbait à elle seule près de 90 millions d’euros de produits céramiques espagnols par an, preuve de son importance cruciale pour l’industrie espagnole.
Les autres marchés en recul, l’Algérie en soutien
La levée de l’embargo à la mi-novembre 2024 a immédiatement réactivé la dynamique commerciale. Dès décembre – premier mois complet de reprise –, l’Algérie s’était déjà hissée au rang de premier client mondial des fabricants espagnols avec 11,32 millions d’euros d’achats, surpassant même l’Italie pour ce mois-là. Ce redémarrage fulgurant s’est poursuivi début 2025, consolidant la place de l’Algérie dans le palmarès des partenaires commerciaux privilégiés de l’Espagne dans ce domaine.
Malgré un contexte global plus morose, marqué par des baisses sensibles dans d’autres marchés-clés tels que l’Italie, l’Inde, le Portugal et la Pologne (qui cumulent une chute de 26 millions d’euros par rapport au premier trimestre 2024), l’Algérie se distingue par sa résilience et son appétit renouvelé. À titre d’exemple, le Portugal a vu ses importations divisées par deux, passant de 19 à 9,6 millions d’euros, tandis que l’Italie a chuté de près de 9 millions, à 31,2 millions d’euros.
L’Algérie : un moteur essentiel
La reprise algérienne apparaît ainsi comme un moteur essentiel de la relance du secteur, qui a globalement progressé de 7,2 % par rapport au dernier trimestre 2024, atteignant 203,6 millions d’euros d’exportations sur les trois premiers mois de l’année.
Autre surprise notable : les États-Unis ont quasiment doublé leurs importations, passant de 2,8 à plus de 5 millions d’euros. Une progression que l’Anffecc explique par un effet d’anticipation des hausses tarifaires, poussant les clients américains à faire des stocks.
Pour autant, la contribution algérienne se démarque à plus d’un titre : elle n’est pas seulement quantitative, mais stratégique. En retrouvant son rang habituel, l’Algérie démontre sa capacité à peser sur les équilibres d’un marché très concurrentiel, tout en renforçant les liens économiques avec un partenaire européen majeur.
l’Algérie est de retour!
Un signal fort est ainsi envoyé aux industriels espagnols et européens : l’Algérie est de retour, et elle compte bien jouer un rôle de premier plan dans les échanges commerciaux régionaux. Le secteur des frittes et émaux pourrait bien n’être que le précurseur d’un nouvel élan de coopération entre les deux rives de la Méditerranée.
Dans un contexte mondial marqué par l’incertitude, l’Algérie incarne une valeur sûre et un moteur de stabilité pour les échanges commerciaux euro-méditerranéens. Le secteur des frittes et émaux, loin d’être marginal, devient ainsi un symbole du potentiel de coopération renforcée entre l’Espagne et l’Algérie.