Le ministre de l’Intérieur et des Transports, Said Sayoud, a récemment ravivé l’espoir d’une régularisation prochaine des applications de transport électronique VTC en Algérie.
Une annonce très attendue qui intervient dans un contexte de fortes tensions entre les acteurs traditionnels du secteur et les nouvelles formes de mobilité.
En effet, selon les déclarations du ministre, le projet de loi portant encadrement et régulation du transport via les applications numériques a franchi une étape décisive. Le texte se trouve actuellement au niveau du secrétariat générale du gouvernement, en vue de son examen final. Said Sayoud a précisé que l’étude du projet devrait être achevée dans les prochains jours, avant sa présentation au Parlement dans un avenir proche.
Les taxieurs crient au « complot »
Cette avancée institutionnelle est loin de faire l’unanimité. La Syndicat national des transporteurs par taxis a exprimé une vive opposition à toute forme de soutien, direct ou indirect, au transport parallèle et non réglementé, incluant les applications numériques.
Dans un communiqué, le syndicat estime que ce type de transport, quelle que soit son appellation ou l’entité qui le soutient, constitue une « menace grave et organisée» contre une profession légale et historique, celle des chauffeurs de taxi.
Il dénonce une atteinte flagrante aux droits des professionnels du secteur et parle d’une véritable « conspiration » visant à déstabiliser la profession et à affaiblir sa capacité de survie. Le syndicat pointe également du doigt un contexte social et économique difficile, marqué par une tarification du transport jugée obsolète, ne correspondant plus au coût de la vie, ainsi que par une accumulation de lois et de procédures restrictives ayant accentué les difficultés des chauffeurs.
Réunion nationale et revendications urgentes
Face à ce qu’elle qualifie de situation préoccupante, le syndicat a annoncé la tenue d’une réunion nationale extraordinaire, afin d’évaluer les risques de la phase à venir et d’examiner les mécanismes nécessaires pour répondre aux enjeux urgents du secteur.
Parmi les principales revendications figurent la révision de la tarification du transport, garantissant un minimum de dignité rofessionnelle, ou la levée de son plafonnement ; l’arrêt immédiat de toute tolérance envers le transport parallèle et non autorisé ; la révision des lois et règlements jugés inefficaces dans la protection des professionnels ; la défense de la profession de chauffeur de taxi contre toute mesure menaçant sa pérennité. Le syndicat a par ailleurs affirmé se réserver le droit d’engager toutes les actions légales et syndicales nécessaires pour défendre les intérêts de ses adhérents.
Sayoud interpellé !
Dans le même sillage, le syndicat national des transporteurs par taxis a adressé une lettre urgente au ministre de l’Intérieur et des Transports. Elle y exprime ses inquiétudes face à la propagation du transport parallèle et aux appels croissants en faveur de sa légalisation, ainsi qu’aux orientations visant à introduire de nouvelles formules concurrentes à la profession de taxi.
Le syndicat y réclame notamment la levée de toutes les contraintes pesant sur l’activité des chauffeurs de taxi, en particulier celles liées à la tarification, aux licences d’exploitation accordées aux moudjahidine et aux autres dispositifs administratifs.
L’APOCE s’en mêle !
De son côté, l’Organisation nationale de protection du consommateur (APOCE) a vivement critiqué le contenu du communiqué des chauffeurs de taxi.
L’organisation estime que cette prise de position ne sert pas l’intérêt général, dans un contexte où les pouvoirs publics cherchent à organiser le secteur, à protéger à la fois les usagers et les transporteurs, et à répondre à une demande croissante en matière de mobilité, notamment dans les grandes villes. L’APOCE souligne également que les services de taxis actuels ne couvrent pas suffisamment les besoins des citoyens, en particulier dans certaines lignes et zones où la circulation est faible ou insuffisante, ce qui renforce le recours aux alternatives numériques.
