Trottinettes: La mort…au bout du guidon!

Par Mounia Hammoud

Les trottinettes électriques, nouveaux moyens de mobilité apparus récemment en Algérie, ne semblent pas avoir que de bons côtés. 

Présentées comme une solution économique et pratique pour les déplacements urbains, elles offrent une alternative attrayante face à la flambée des prix des véhicules traditionnels. Ces nouveaux moyens de transport permettent à de nombreux citoyens de se déplacer aisément pour leurs activités quotidiennes. 

Cependant, malgré leurs avantages apparents, les trottinettes électriques posent des problèmes de sécurité alarmants et créent une situation chaotique sur nos routes. Sans cadre réglementaire adéquat et mesures de sécurité strictes, elles risquent de transformer les villes en zones de danger, rendant urgente une réponse ferme et immédiate pour protéger la population.

Danger public!

Si elles s’effacent progressivement du paysage de certaines villes européennes comme Paris, qui depuis le 1ᵉʳ septembre 2023 a interdit les trottinettes en libre-service, les trottinettes électriques font désormais partie intégrante du paysage urbain. Mais le revers de la médaille est tout autre.   Ces moyens sont devenus le cauchemar de bon nombre d’automobilistes et même pour le simple passant. Elles se sont démocratisées à la suite d’une baisse fulgurante des prix de vente liée à l’apparition de modèles de basse et moyenne gammes, d’une importation massive de trottinettes électriques d’occasion par la communauté algérienne établie à l’étranger et surtout à l’émergence d’un marché local d’occasion et de magasins de réparation et de vente de pièces détachées neuves ou en bon état.

Leur prix varie entre 10.000 et 300.000 dinars selon la marque, les options, les accessoires, la durée d’autonomie de la batterie et l’état, et la vitesse maximale qui sur certains modèles peut atteindre les 80 km/h. Leurs utilisateurs, dont certains n’ont pas encore l’âge légal de conduire sur une route, ont dépassé de loin par leurs nuisances les conducteurs des deux-roues. Cette nouvelle situation que connaissent nos routes est devenue dangereuse pour tous les usagers de la route. Cette situation devient encore plus critique une fois la nuit tombée.

Un nombre impressionnant de trottinettes envahit les quartiers d’El Bahia Oran à la faveur de la fraîcheur nocturne. Conduites la plupart du temps par de très jeunes enfants dont l’âge ne dépasse parfois pas 6 ans, elles sont partout. Aucun quartier n’y échappe. Souvent démunies de feux, comme les modèles d’occasion, elles obligent les conducteurs et les passants à doubler de vigilance.

Avalanche de dénonciations…

Les premiers à monter au créneau pour dénoncer la prolifération alarmante des trottinettes électriques sont les professionnels du transport. Les conducteurs de bus de transport urbain à Oran sont quotidiennement sur le qui-vive. Pour Mimoune, dont le bus 4G dessert plusieurs quartiers à forte densité démographique de Yaghmorcen au quartier USTO, « avant, je devais surveiller lors de mes trajets les passants indisciplinés, dont des enfants ou autres malades mentaux, les chauffards des deux-roues, les taxis, mais depuis un moment ce sont les trottinettes. Ils surgissent de nulle part et à des vitesses incroyables. Le pire : ces moyens ne font aucun bruit. Mes collègues et moi  redoutons  à tout instant d’en écraser une et son conducteur ».

 Idem pour les chauffeurs de taxis. Yacine, qui ne fait partie de cette corporation depuis longtemps, nous a déclaré : « les utilisateurs de ces nouveaux moyens de transport ne respectent nullement le code de la route comme ceux des deux-roues. Ils grillent les feux tricolores, forcent le cédez-le-passage au rond-point parfois de façon préméditée et souvent par ignorance du code de la route lorsqu’il s’agit de jeunes conducteurs, surtout des bambins de 8 ou 10 ans et parfois moins.

Pour Djamila, automobiliste : « ils doublent trop souvent à droite en rasant les voitures, surtout quand la circulation est dense, au mépris des règles de conduite. Une fois, on m’a cassé mon rétroviseur. L’auteur voulait s’enfuir pour ne pas répondre du sinistre. Quand les passants l’ont retenu, il ne possédait aucun document ou assurance et de surcroît il était âgé de 15 ans. Pour me dissuader de déposer plainte, ses parents ont payé les réparations. Mais imaginez si c’était pire ». « À Oran, la conduite est devenue un calvaire. Je dois regarder à 360 degrés autour de la voiture. Les utilisateurs de trottinettes  ne se soucient de rien. Ils ignorent nos avertissements sonores car ils portent des casques de musique ou des écouteurs et sont déconnectés de la réalité. Ils sont dans leur bulle qui peut nous éclater à la figure à tout moment et nous précipiter vers les abysses en cas d’accident corporel grave » a-t-elle ajouté. 

Une fois, dira un garçon de café : « j’ai vu une vieille dame se faire faucher par une trottinette électrique. Elle était en train d’essayer de traverser la rue afin de se rendre au jardin public de Yaghmouracen quand elle fut renversée. Fort heureusement, ses blessures étaient légères. Le conducteur était à peine âgé de 12 ans ».

Des mesures radicales s’imposent !

Pour certains observateurs, il faut que l’utilisation de ce nouveau mode de mobilité soit encadrée par une législation en adéquation avec les risques pouvant découler des trottinettes électriques dans l’espace urbain, comme l’obligation du port du casque et de posséder une police d’assurance en cas de sinistre. D’autres soutiennent carrément l’interdiction de ce moyen de transport comme ce fut le cas à Paris et certaines villes européennes. Hors agglomération, leur circulation est interdite sur la chaussée, elle est limitée aux voies vertes et aux pistes cyclables.

Face à l’ampleur des dangers que représentent les trottinettes électriques dans les espaces urbains en Algérie, une mesure forte et immédiate s’impose : leur interdiction totale. Cette interdiction est nécessaire pour garantir la sécurité de tous les usagers de la route et préserver l’ordre public. La prolifération incontrôlée de ces engins, souvent conduits par des mineurs sans aucune formation, menace gravement la sécurité routière. Seule une interdiction stricte permettra de mettre fin à ce chaos et de protéger efficacement les citoyens. Il est temps d’agir avec fermeté pour prévenir des accidents graves et rétablir la sérénité dans nos villes.

M.H

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Follow by Email
WhatsApp
FbMessenger