L’agriculture est un pilier fondamental de l’économie algérienne, tant pour son rôle dans la sécurité alimentaire que pour son potentiel à dynamiser les zones rurales. Dans ce cadre, la wilaya d’Oran se lance dans une ambitieuse politique de régularisation foncière et de soutien à la production agricole.
Cette démarche vise non seulement à répondre aux besoins pressants des agriculteurs, mais également à poser les bases d’une agriculture durable, en harmonie avec les grands défis climatiques et économiques actuels.
L’un des défis majeurs auxquels sont confrontés de nombreux agriculteurs de la wilaya d’Oran est l’absence de titres de propriété légaux sur les terres qu’ils exploitent.
Cap sur la régularisation des agriculteurs
Face à cette situation, le wali Saïd Sayoud a annoncé, jeudi 10 octobre 2024, en marge du lancement de la campagne labour semailles 2024/2025 l’installation d’une commission mixte qui se chargera de régulariser la situation foncière des agriculteurs concernés. Cette commission qui sera installée la semaine prochaine est composée de représentants, la direction des domaines, de la chambre d’agriculture, de l’Union générale des agriculteurs algériens, ainsi que des instances étatiques, aura pour mission d’examiner les dossiers des exploitants et de trouver des solutions adaptées.
L’objectif fixé est particulièrement ambitieux : régulariser 70 % des cas d’ici la fin de l’année. Cette démarche vise non seulement à offrir un cadre juridique stable aux agriculteurs, mais aussi à renforcer la confiance entre les autorités locales et les acteurs du secteur. Le wali a d’ailleurs tenu à rassurer ces derniers sur la rigueur de cette opération, soulignant que tous les cas, sans exception, seront traités. La régularisation des terres agricoles s’inscrit également dans une perspective d’optimisation de l’usage des ressources foncières. Les terres non exploitées, déjà récupérées par l’État, seront redistribuées à de nouveaux exploitants désireux de les cultiver. Cette initiative a pour but d’encourager une meilleure gestion des terres disponibles, en veillant à ce que chaque parcelle soit mise en valeur de manière optimale.
L’eau, une ressource à préserver
D’autre part et dans un contexte marqué par les effets du changement climatique, l’irrigation est devenue une nécessité incontournable pour garantir des rendements agricoles stables. Le wali d’Oran a souligné l’importance de promouvoir des techniques d’irrigation modernes, plus efficaces et respectueuses de l’environnement.
Des programmes de formation et de sensibilisation seront mis en place afin d’accompagner les agriculteurs dans la gestion de leurs ressources en eau, en optimisant leur utilisation. L’objectif est de garantir une production agricole accrue tout en préservant les ressources hydriques, essentielles dans un contexte où la sécheresse menace de plus en plus les récoltes. Actuellement, la wilaya dispose de 2023 puits forés, dont 625 ont été réalisés au cours des trois dernières années. Cette capacité considérable est un atout majeur pour soutenir l’agriculture irriguée, particulièrement dans les zones arides ou semi-arides de la région.
Objectif 36 000 ha à emblaver
En parallèle de la régularisation foncière et du développement de l’agriculture irriguée, un autre enjeu de taille se dessine : la production céréalière. Pour la saison agricole 2024-2025, la wilaya d’Oran se fixe l’objectif d’emblaver 36 000 hectares dédiés à la culture des céréales a indiqué le wali d’Oran hier en marge du lancement de la campagne labour semailles. Ce projet s’inscrit dans le cadre d’un programme national, lancé par le ministère de l’agriculture, visant à porter à plus de 3 millions d’hectares la superficie consacrée aux céréales à l’échelle du pays.
La production céréalière est un enjeu stratégique pour l’Algérie, tant sur le plan économique que pour la sécurité alimentaire. En augmentant les surfaces emblavées, le pays cherche à réduire sa dépendance vis-à-vis des importations, tout en créant de nouvelles opportunités d’emplois dans les zones rurales. Oran, par sa contribution, s’inscrit pleinement dans cette dynamique nationale de renforcement de la production agricole locale, en faveur de l’autosuffisance alimentaire.
Priorité au stockage
Pour soutenir cet essor de la production céréalière, des investissements substantiels seront engagés, en particulier dans le domaine des infrastructures de stockage. Le wali a tenu à rappeler que sept nouveaux silos de proximité verront le jour dans les communes d’Essénia, Gdyel, Boutlelis et Oued Tlalt, avec une capacité totale de 350 000 tonnes, soit environ 50 000 tonnes par silo. Par ailleurs, un silo pilote, d’une capacité impressionnante d’un million de tonnes, sera érigé à Oued Tlelat. Ces infrastructures modernes, équipées des dernières technologies, permettront de garantir une conservation optimale des récoltes, limitant ainsi les pertes.
Ces nouvelles capacités de stockage permettront également une meilleure régulation du marché local. En conservant les céréales dans des conditions idéales, il sera possible de stabiliser l’offre et la demande, limitant ainsi les fluctuations de prix qui peuvent pénaliser tant les producteurs que les consommateurs.
La série de mesures annoncées par le wali d’Oran, Saïd Sayoud, s’inscrit dans une vision stratégique de long terme, visant à régulariser les droits fonciers des agriculteurs, à promouvoir l’agriculture irriguée, et à moderniser les infrastructures agricoles. Ces initiatives, en réponse aux directives du président de la République, traduisent un engagement clair des autorités locales à faire de l’agriculture un levier de développement économique et de sécurité alimentaire pour le pays.
M.H