Les relations diplomatiques et économiques entre Madrid et Alger franchissent un nouveau cap.
Ainsi et dans une intervention sur les ondes de la télévision espagnole ce lundi soir, le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, a dressé un bilan positif du rapprochement entre les deux pays, chiffres des échanges commerciaux à l’appui.
Des relations «exceptionnelles»
En effet, sur les plans diplomatique et économique, les relations entre l’Algérie et l’Espagne affichent des signes encourageants, d’après l’évaluation du ministre espagnol des Affaires étrangères.
« Actuellement, nos relations avec l’Algérie sont exceptionnelles. L’ambassadeur algérien est revenu depuis un bon moment, et j’ai eu l’occasion d’échanger à plusieurs reprises avec lui dans un climat empreint de cordialité », a affirmé le chef de la diplomatie espagnole.
Le ministre a également souligné que les « contacts s’opèrent en toute normalité », exprimant sa certitude quant à leur continuité dans le même esprit.
Dans ce sillage, José Manuel Albares a fait état d’une dynamique commerciale particulièrement favorable entre les deux pays, s’appuyant sur les dernières données du commerce extérieur espagnol. Il a ainsi mis en avant une croissance spectaculaire des échanges bilatéraux, estimée à 143 % pour les onze premiers mois de 2024, en attendant les chiffres définitifs de décembre.
Un rebond des échanges commerciaux
Les statistiques témoignent d’un retour en force des affaires entre l’Algérie et l’Espagne, avec des volumes d’échanges qui se rapprochent de ceux d’avant 2022.
Ces dernières semaines, plusieurs Chambres de commerce espagnoles ont organisé des missions économiques en Algérie, cherchant à explorer les opportunités qu’offre un marché désormais plus attractif grâce à l’entrée en vigueur d’un nouveau code de l’investissement aux conditions avantageuses.
Dans ce contexte, Luis Ferrero Roselló, responsable de la zone internationale à la Chambre de commerce d’Alicante, a récemment effectué une visite en Algérie et s’est félicité du redémarrage des relations commerciales.
« En 2022, nos exportations vers l’Algérie avaient chuté de 20,25 %, puis de 56,51 % en 2023. En revanche, en 2024, elles ont rebondi de 87 %, et nous retrouvons aujourd’hui presque les niveaux de 2021 », a-t-il déclaré à l’agence de presse EFE.
Un voisinage à valoriser
M. Roselló a également mis en avant l’intérêt particulier que suscite le marché algérien auprès des opérateurs économiques de la région d’Alicante. Selon lui, « il existe une forte volonté de renouer les liens, d’autant plus que nous partageons une proximité géographique et une tradition d’échanges. Le vol entre Alicante et Oran dure à peine une heure, soit moins que celui entre Alicante et Madrid. Nous sommes des voisins naturels. »
Par ailleurs, les entreprises espagnoles semblent avoir compris la nouvelle orientation économique de l’Algérie, qui privilégie les partenariats axés sur le transfert de technologie plutôt que l’importation de produits finis.
Daniel Sepulcre, PDG de la société chimique d’Alicante Neoresins, a ainsi conclu un pré-accord lundi dernier en vue de « fournir des matières premières et transférer du savoir-faire » en Algérie. « Nous avons saisi que la meilleure manière d’accéder à ce marché n’est pas d’y exporter des produits finis, mais d’y introduire la technologie, ce qui simplifie grandement les transactions », a-t-il expliqué.
Le «boom» du secteur de la céramique
Dans le domaine de la céramique, les chiffres confirment également une reprise significative des échanges avec l’Algérie, bien que celle-ci ait considérablement développé son industrie locale, réduisant sa dépendance aux importations étrangères. Malgré cela, les échanges via le port de Castellon, dans la région de Valence, ont connu une progression notable. Pour les mois de novembre et décembre 2024, le chiffre d’affaires du secteur céramique a atteint 13,4 millions d’euros, un niveau comparable à celui d’avant 2022.
L’Anffecc, l’association des producteurs espagnols de céramique, s’est réjouie de cette embellie, soulignant que « les recettes issues du marché algérien ont dépassé les 11 millions d’euros en décembre, ce qui constitue une excellente nouvelle ». Ainsi, après une période de ralentissement, les relations commerciales entre l’Algérie et l’Espagne connaissent une véritable relance, illustrée par des chiffres prometteurs et un regain d’intérêt mutuel pour le développement de nouveaux partenariats.
