L’Algérie est résolue à diversifier ses importations de blé, notamment le blé tendre. Ces dernières années et surtout ces derniers mois, une seule tendance se confirme : L’Algérie, a définitivement mis une croix sur le blé français.
Ainsi et comme le confirme le dernier rapport des Douanes françaises, les exportations de blé tendre français vers l’Algérie, sont nuls. Pas un seul grain de céréales d’origine hexagonal n’a été expédié vers le pays depuis l’automne 2024.
Ce choix, paraît désormais une évidence, compte tenu de la crise diplomatique et politique entre les deux pays. Cette « exclusion », même si l’OAIC l’a réfuté publiquement, est interprétée comme un repositionnement stratégique de l’Algérie vers d’autres zones d’approvisionnement jugées plus compétitives ou plus fiables à l’instant T.
Cap sur l’Europe de l’Est !
La dernière commande de l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC), non seulement confirme cet état de fait, mais donne des indications sur les « orientations » du pays en la matière.
En effet, le 15 mai 2025, l’OAIC a lancé un appel d’offres international visant à sécuriser son approvisionnement en blé tendre. Une opération d’envergure qui reflète les dynamiques concurrentielles du marché mondial, marquées par l’omniprésence des fournisseurs de la mer Noire.
Dès l’ouverture de l’appel d’offres, les négociants européens ont confirmé l’envergure de la commande : entre 600 000 et 700 000 tonnes de blé tendre ont été achetées par l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC), à un prix avoisinant les 244,5 dollars la tonne, frais et fret inclus (C&F). Cette opération illustre la volonté de l’Algérie de sécuriser son approvisionnement en céréales dans un contexte de fluctuation des marchés agricoles mondiaux.
Des calendriers de livraison différenciés selon l’origine
Par ailleurs, l’appel d’offres prévoit des livraisons réparties selon l’origine géographique du blé. Pour les céréales en provenance d’Europe ou de la mer Noire, les expéditions sont programmées entre le 1er et le 31 juillet 2025, en deux vagues successives. En revanche, les fournisseurs d’Amérique du Sud ou d’Australie devront honorer leurs contrats un mois plus tôt, signe d’une logistique adaptée aux réalités de chaque région productrice.
Une victoire pour les pays de la mer Noire
En effet, les volumes achetés semblent avoir principalement bénéficié aux pays de la région de la mer Noire. Les négociants évoquent notamment la Fédération de Russie, la Roumanie et, possiblement, l’Ukraine comme principaux bénéficiaires. Ce succès commercial illustre la montée en puissance de ces acteurs sur la scène céréalière mondiale, renforcée par leur proximité géographique et leur compétitivité tarifaire.
Une veille stratégique soutenue par la technologie
Dans ce contexte de mutation rapide des marchés, les outils d’intelligence économique prennent une place centrale. L’exemple de la société UkrAgroConsult est à ce titre révélateur. Forte de près de 30 ans d’expertise, elle a développé la plateforme Agris pp, véritable tableau de bord numérique pour les opérateurs du secteur.
Cette plateforme multifonctionnelle offre un accès quotidien à des données stratégiques sur les marchés des céréales et oléagineux de la mer Noire et du Danube. Elle comprend également des rapports analytiques et des séries historiques, devenant ainsi un levier d’aide à la décision pour les acteurs de la chaîne agroalimentaire.
En somme, cet appel d’offres révèle à la fois la vigilance stratégique de l’Algérie face à la volatilité des marchés, et le basculement progressif du pouvoir céréalier vers l’Est de l’Europe. Si la France se voit momentanément écartée, la dynamique concurrentielle n’en demeure pas moins féroce, et les prochains appels d’offres seront scrutés avec attention.