Sous les projecteurs d’une propagande savamment orchestrée par le Makhzen, le projet de gazoduc transatlantique porté par le Maroc s’effrite peu à peu, miné par des retards structurels, des incertitudes économiques et une faisabilité technique de plus en plus contestée.
Ainsi, pendant que Rabat continue à agiter sa chimère énergétique devant les caméras, l’Algérie, elle, avance sereinement et concrètement avec son projet transsaharien.
La chimère marocaine
En effet, initialement prévue pour le second trimestre 2025, la décision finale d’investissement pour le gazoduc marocain qui longerait la côte ouest du continent sur plus de 6800 kilomètres, traversant une dizaine de pays avant d’atteindre l’Europe a été repoussée à début 2026, selon La Nouvelle Tribune.
Une déconvenue majeure qui témoigne des profondes fragilités du projet. Déjà plombé par une estimation réévaluée à 30 milliards de dollars — contre 25 initialement — le pipeline marocain voit ses coûts exploser avant même le premier coup de pioche. À ce stade, c’est moins un projet industriel qu’un gouffre financier.
Un rêve coûteux, une réalité incertaine
Alors que le Transsaharien avance dans sa phase préparatoire entre Alger, Niamey et Abuja, le projet concurrent marocain n’en est encore qu’à l’étape des études de faisabilité, dont plusieurs restent inachevées, notamment sur les tracés dits « sensibles ». La complexité du dossier, avec pas moins de treize pays traversés, chacun avec ses normes et ses réalités politiques, en fait un chantier à haut risque.
Et le principal problème demeure : aucun engagement ferme de la part des acheteurs européens selon la même source. Or, sans débouchés commerciaux solides, aucun investisseur sérieux ne viendra injecter des milliards dans une infrastructure aussi incertaine. Le Makhzen, qui avait cru bon de relancer médiatiquement son projet à la faveur des tensions entre Alger et Niamey, se heurte aujourd’hui à l’indifférence des marchés.
Une opération de communication mal ficelée
En réalité, le gazoduc transatlantique (gazoduc atlantique africain) relève davantage de l’argument géopolitique que d’un véritable projet énergétique viable. Il s’inscrit dans une logique d’affichage, de contre-feu médiatique face à l’avancée méthodique du gazoduc transsaharien, fruit d’une coopération stratégique entre trois poids lourds du continent.