La décision aussi insolite qu’étrange prise par le rectorat de l’université Hassiba Ben Bouali de Chlef, d’interdire aux enseignants et professeurs du département d’Histoire exerçant en son sein de s’exprimer auprès de médias étrangers ne cesse de faire réagir.
Ainsi, après le tollé provoqué sur les réseaux sociaux, notamment sur les pages dédiées aux enseignants et professeurs, où cette décision a été perçue comme une atteinte flagrante à la liberté d’expression, c’est autour du Conseil national de l’enseignement supérieur (CNES) de monter au créneau en dénonçant haut et fort ce « musèlement » imposé aux enseignants du secteur.
Atteinte aux libertés académiques
En effet et dans un communiqué rendu public ce samedi 10 mai 2025, ce syndicat, présidé par M. Abdelhafid Milat, non seulement condamne cette décision, mais aussi, interpelle la tutelle, à savoir le ministère de l’Enseignement supérieur et la Recherche Scientifique, afin de mettre un terme à cette « fatwa » émanant d’une institution de la République.
« Les libertés académiques en Algérie sont un droit constitutionnel et humain fondamental pour les membres de la communauté universitaire », est-il mentionné en préambule du document du CNES.

En outre, ce syndicat souligne que l’article 7 de la Constitution algérienne accorde aux enseignants et Professeurs la possibilité d’exercer librement et sans entrave leurs fonctions d’enseignement et de recherche, « sans la moindre censure ou réserve, à condition que cela ne porte pas atteinte à l’ordre public ou aux droits d’autrui », est-il précisé.
Kamel Baddari interpellé
Par ailleurs, le CNES considère cette décision prise par le recteur de l’université de Chlef, comme un « acte dangereux et isolé », dont la responsabilité incombe « exclusivement » à ce responsable. « Nous demandons au ministère de l’Enseignement supérieur et la Recherche Scientifique, de mettre un terme à ces dépassements qui entachent la réputation de l’université algérienne », exhorte ce syndicat.
À titre indicatif et dans une note interne signée par le recteur de cette université, il est indiqué que « conformément aux consignes réglementaires en vigueur dans les établissements d’enseignement supérieur, et dans un souci de protéger la cohérence du discours académique avec les directives officielles de l’État, tous les professeurs du département d’histoire devront s’abstenir de faire des déclarations ou de mener des interviews avec les médias étrangers, visuels, audio, ou électroniques, sans obtenir une autorisation préalable et expresse du rectorat», est-il expressément ordonné.

Quelques heures après la publication de cette note sur les réseaux sociaux, un vent de condamnation et d’indignation s’est propagé sur la toile, notamment auprès de la communauté universitaire, estimant cette note, comme une entrave flagrante à la liberté d’expression en Algérie.
Les precisions de l’univesité de Chlef
Enfin, dans l’après-midi de samedi et face à cette polémique, l’université Hassiba Ben Bouali de Chlef, a émis un communiqué sur son site web, où elle fait une sorte de rétropédale. “A la lumière de ce qui a circulé sur les réseaux sociaux, l’administration universitaire précise qu’elle n’a pas empêché et n’empêchera pas les membres du corps enseignant de faire des déclarations ou de participer aux médias nationaux ou étrangers, par respect pour la liberté d’expression garantie par la constitution algérienne”, est-il précisé.
Toutefois, cette université, rappelle que “faire des déclarations au nom de l’université ou de l’un de ses collèges relève de la responsabilité institutionnelle et nécessite une autorisation préalable des autorités compétentes au sein de l’université afin de préserver l’image et la crédibilité de l’institution aux yeux du public”, est-il souligné.