Destruction du village Ighzer Iwaquren (Bouira) : Quand de Gaulle s’inspirait de Pétin… 

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Il y’a 68 ans quasiment jour pour jour, exactement le 6 mai 1957, le village Ighzer Iwaquren, relevant de la localité de Raffour 50 km à l’est de Bouira, a été entièrement incendié et rasé par l’armée coloniale. Ses habitants déportés et placés dans des camps de toiles, ce qui a valu par la suite l’appellation « les toiles » à l’actuel localité de Raffour. 

C’était un crime contre l’humanité que le général de Gaulle, avait sans doute calqué sur son ennemi de toujours, le maréchal Philippe Pétin, sous le régime de Vichy. 

Ighzer Iwaquren : Un village martyr 

En effet, quand Pétin déportait des Juifs vers les camps de concentrations, de Gaulle quant à lui, s’acharnait contre les Algériens, notamment ceux de Raffour. Avec 136 martyrs, et plus d’une centaine de veuves et autant d’orphelins, cette région, a payé un lourd tribut durant la guerre de Libération nationale. C’est un véritable village martyr. 

Il a été en effet, victime de la politique de « la terre brûlée », lancée par l’armée française en 1957. Le relief montagneux et la position géostratégique de la région, ont fait d’elle un véritable fief et zone de repli pour les moudjahidine, qui ont trouvé soutien et la protection la plus totale de la population locale.  Afin de commémorer ces tragiques événements, le wali de Bouira, M.Abdelkrim Laâmouri, en compagnie de la présidente de l’Observatoire de la société civile, Mme Ibtissem Hamlaoui, se sont rendus ce samedi 10 mai 2025, au niveau de ce village martyr. 

Cette commémoration vise à « se rappeler des crimes commis par l’armée coloniale et surtout rendre hommage à nos valeureux martyrs, tombés au champ d’honneur », dira Mme Hamlaoui. 

Crimes contre l’humanité 

Par leur part, les rares suivants de ce massacre, ont livré leurs témoignages aux présents. « En avril 1957, avant que notre village ne soit évacué puis rasé, j’ai passée deux jours ici », racontera El Hadj Messaoud, en pointant du doigt une colline située au nord-ouest de village. Et de poursuivre « je peux vous certifier que les blessés affluaient de partout, car la réputation de l’Aârch Iwaquren avait largement dépassé les frontières de la wilaya III histoire. L’armée française et ayant eu vent de cette réputation et des activités des moudjahidines dans cette région, ont rapidement pris les devants en déportant ces pauvres familles à travers toute la daïra de M’chedallah, avant de procéder à la destruction du village le 6 mai 1957. Le 4 novembre de la même année, ce fut le tour de Taddart Lejdid en parallèle au village voisin Ivelvarene », s’est-il remémoré. 

Farouche résistance ! 

D’autres témoins de cette funeste période, affirment que l’armée coloniale, s’est heurtée à une farouche résistance de la part des maquisards de la région. « Les français ont mis quatre jours pour incendier le village. Les moudjahidine n’ont jamais quitté notre village. Un refuge pour s’occuper des malades avait été installé et dirigé par la moudjahida Malika Gaïd», indique-t-on. 

Ce n’était pas fini ; en effet, deux années après ce massacre, le 19 décembre 1959, l’armée française durant la sinistre opération Jumelles, 52 martyrs étaient tombés au champ d’honneur.

C’était dans une grande bataille au lieudit Tala, dans le territoire du village Ighzer Iwakuren. Il faut rappeler également que les habitants de ce village étaient engagés dans l’esprit de la libération du pays bien avant le déclenchement de la Guerre de Libération nationale du 1er novembre 1954. 

D’ailleurs, l’un des architectes de la révolution dans la région, et membre important du PPA était bien l’enfant de ce village, il s’agissait d’Idir Kechadi; sa maison a été incendiée par les soldats français bien avant, c’était en 1956, nous font savoir des moudjahidine du village. 

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