Alors que l’Algérie œuvre depuis des décennies pour la stabilité et le développement pacifique du Sahel, le Maroc multiplie ses «coups fourrés» et ses manigances.
Ces dernières, sous couvert d’«initiatives diplomatiques» en direction des régimes militaires de la région, avec une stratégie qui semble relever davantage d’une obsession contre-Alger que d’un réel souci de coopération régionale.
Ainsi, le dernier épisode en date : la réception ce lundi des ministres des affaires étrangères du Burkina Faso, du Mali et du Niger (pays qui forment l’alliance des Etats du Sahel AES) par le roi Mohamed VI, dans son palais royal de Rabat.
Une manœuvre maladroite, visant à imposer la vision marocaine du Sahara tout en séduisant les nouvelles juntes sahéliennes en quête de soutiens extérieurs.
L’ombre d’un agenda parallèle
En effet, depuis le changement de régime à Bamako, Niamey et Ouagadougou, le Maroc n’a cessé de se rapprocher de ces juntes, en leur proposant un partenariat pseudo « gagnant-gagnant » fondé sur l’accès à l’Atlantique via… le Sahara Occidental.
Une approche qui, sous couvert de coopération économique, implique tacitement une reconnaissance de l’occupation marocaine du Sahara – une ligne rouge pour l’Algérie, soutien indéfectible du droit à l’autodétermination du peuple sahraoui.
Derrière les sourires diplomatiques, se cache une stratégie d’isolement de l’Algérie. Le royaume chérifien entend redessiner les équilibres régionaux en s’imposant comme l’interlocuteur privilégié des pays du Sahel, au détriment d’Alger, dont l’approche fondée sur la non-ingérence, la stabilité politique et le développement durable semble désormais en décalage avec les ambitions des nouvelles oligarchies militaires.
Un trio maléfique !
Selon plusieurs sources médiatiques, un plan triangulaire « émirati-israélo-marocain » viserait à court-circuiter l’influence algérienne dans la région, en tissant une toile d’alliances intéressées autour des régimes militaires sahéliens.
L’entité sioniste a d’ailleurs confirmé l’existence de « contacts de normalisation » avec certains pays du Sahel, dont le Niger et le Mali.
Un activisme diplomatique qui tranche avec la prudence algérienne, mais qui interroge aussi sur les véritables motivations de Rabat. Car derrière l’argument économique de l’accès à la mer pour les pays enclavés, se dessine une logique d’instrumentalisation géopolitique, où le développement régional devient un levier de reconnaissance territoriale pour le Maroc, au mépris du droit international.
Le piège de la normalisation
En s’alignant sur la proposition marocaine, les régimes sahéliens risquent de tomber dans un piège.
L’accès à l’océan ne peut être durablement garanti que par des accords régionaux larges, respectueux des droits des peuples et des frontières reconnues.
Toute tentative de contourner les principes fondamentaux du droit international ne ferait qu’alimenter les tensions et les divisions dans une région déjà fragilisée.
L’Algérie, quant à elle, reste fidèle à sa doctrine de politique étrangère : soutien à l’intégrité des peuples, opposition aux ingérences étrangères et appui à un développement endogène.
Si cette posture ne séduit pas les régimes militaires en quête de gains rapides, elle demeure la seule capable d’assurer une stabilité durable au Sahel.
Une diplomatie de façade ?
À trop vouloir supplanter l’Algérie, Rabat risque de substituer une véritable coopération régionale à un jeu d’influence à courte vue. Car le développement du Sahel ne se construira ni sur des manœuvres opportunistes ni sur la normalisation conditionnée, mais sur une vision commune, inclusive et respectueuse des souverainetés, or ces concepts sont étrangers au Makhzen qui ne voit qu’au bout de son nez.