Les relations entre l’Algérie et le Niger traversent une zone de turbulences inquiétante.
Ainsi, ce qui semblait être un partenariat empreint de coopération et de respect mutuel s’effrite à mesure que Niamey multiplie les signaux contradictoires et les provocations ouvertes.
Alors que l’Algérie poursuit inlassablement une politique de stabilité et de développement pour le Sahel, le Niger semble s’être engagé sur une pente dangereuse, en s’alignant sur les discours belliqueux de l’Alliance des États du Sahel (AES), menée par les régimes militaires du Mali et du Burkina Faso.
Une attaque médiatique d’une rare virulence
En effet, le point culminant de cette dérive s’est manifesté le 9 juin dernier à travers un reportage incendiaire diffusé lors du journal de 20h30 de la télévision officielle nigérienne.
Dans un ton accusatoire, le média d’État a mis en cause l’engagement sincère de l’Algérie envers les pays sahéliens, l’accusant – sans preuve – de chercher à affaiblir le Mali, de semer le chaos à Kidal, et même d’entretenir des liens avec des groupes terroristes opérant au Sahel afin de créer des crises dans la région.
L’auteur du reportage est allé encore plus loin, imaginant que l’Algérie était irritée par la « souveraineté » atteinte par l’Alliance des États du Sahel et son rapprochement avec la Russie.
Des accusations gravissimes, totalement infondées, qui jettent l’opprobre sur un pays reconnu pour sa rigueur en matière de lutte antiterroriste. Le choix d’un journaliste français pour lire ce réquisitoire médiatique anti-algérien, en lieu et place de journalistes nigériens, en dit long sur la volonté délibérée de donner à ce message une portée internationale.
L’Algérie, un acteur de stabilité que l’on cherche à marginaliser
Il est utile de rappeller que depuis plus d’une décennie, Alger s’impose comme une voix constante pour une résolution pacifique des crises africaines, notamment à travers son opposition résolue aux interventions militaires étrangères et son rejet catégorique des coups d’État. L’Accord de paix au Mali, parrainé par l’Algérie en 2015, reste l’un des exemples les plus marquants de cet engagement.
Ce positionnement heurte de plein fouet les intérêts des nouveaux maîtres du Sahel, qui cherchent à imposer une lecture militariste, souverainiste et souvent fantasmatique des enjeux régionaux, tout en se rapprochant ostensiblement de Moscou. Une posture qui n’est pas sans danger, ni pour la stabilité régionale, ni pour les populations locales.
Une campagne de désinformation qui ne trompe personne
Les allégations proférées par le Niger participent d’une stratégie bien rodée de désinformation, probablement inspirée par Bamako, pour diaboliser un acteur qui refuse de cautionner l’illégitimité institutionnelle et les dérives autoritaires. L’Algérie, à travers sa diplomatie et son armée, n’a cessé de plaider pour une lutte ferme et cohérente contre le terrorisme transfrontalier, tout en mettant en garde contre la transformation de groupuscules armés en véritables armées de substitution.
Une posture nigérienne contre-productive et périlleuse
Le Niger, en choisissant de tourner le dos à son voisin du nord pour s’acoquiner avec une alliance militaire régionalement instable, prend le risque de s’isoler davantage sur la scène internationale. En fustigeant injustement un pays qui n’a cessé de tendre la main et d’investir dans le développement sahélien, Niamey trahit non seulement une incompréhension géopolitique profonde, mais aussi une ingratitude manifeste.